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Choekyong Tsering

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Choekyong Tsering (tibétain : ཆོས་སྐྱོང་ཚེ་རིང་, Wylie : chos skyong tshe ring ; chinois : 祁却才仁 ; pinyin : qíquè cáirén), né en 1899[1] à Taktser, Amdo/Qinghai, et mort le à Lhassa[2], est le père du 14e dalai-lama, Tenzin Gyatso.

L'époque du roi Mangsong Mangtsèn (VIIe siècle)

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Selon Michael Harris Goodman, les origines de la famille de Choekyong Tsering remontaient dans l'Amdo au règne de Mangsong Mangtsèn, petit fils du roi Songtsen Gampo, qui au milieu du VIIe siècle, posta une garnison pour protéger les frontières de son royaume des incursions chinoises. Au VIIIe siècle Trisong Detsen envoya neuf de ses officiers commander ses troupes dans les régions qui prit le nom de Gouthoup (les neuf capables). Les descendants nomades des neuf officiers ont reçu le nom de Kamlok (qui ne reviennent pas sans ordre) et vivent dans certaines contrées de l'Amdo. À l'exception des deux dernières générations, un membre de la famille fut chef de village, un poste électif bénévole, responsable des impôts[3].

La tribu Chi-kyā

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Selon Elliot Sperling, la famille du dalaï-lama fait partie de la tribu Chi-kyā habitant la région autour du monastère de Kumbum, une des « six tribus de Kumbum », dont les origines remontent à un dignitaire mongol répondant au nom de famille Qi et ayant servi, dans les derniers temps de la dynastie Yuan (1271-1368), de fonctionnaire des frontières – en tibétain, nang-so. Tous les Tibétains considérés comme faisant partie de la tribu Chi-kyā sont des descendants des sujets de ce personnage. Ces tribus se sont distinguées par leurs contributions à la construction religieuse sur le site du monastère [4].

Choekyong Tsering est le fils de Tashi Dhondup, son père, et de Lhamo Drolma, sa mère[5].

Son oncle maternel, Lobsang Tsultrim Jigme Gyatso est le 5e Taktser Rinpoché[6],[7].

Il s'est marié le avec Sonam Tsomo, renommée Diki Tsering par le 5e Taktser Rinpoché et connue sous le nom de Gyalyum Chenmo[8].

Ils eurent 16 enfants, dont 7 dépassèrent la petite enfance[9]. Il s'agit de

Selon la biographe Patricia Cronin Marcello, Choekyong Tsering est réputé en tant qu'éleveur de chevaux et dirige l'exploitation à l'aide de cinq ouvriers agricoles tout au long de l'année, mais pour les semailles et les moissons il loue les bras de 15 à 40 ouvriers[10]. Dans son récit biographique, Thupten Jigme Norbu, fils né en 1922 qui resta à Taktser jusqu'à l'âge de 8 ans, ne mentionne qu'un seul journalier, et parfois quelques voisins, qui aidait son père[11]. De même, Michael Goodman qui s'entretint avec la mère du dalaï-lama, mentionne un ou deux ouvriers[12]. Répondant au régent Réting qui faisait remarquer qu'il y avait maintes nationalités sous leur toit, Diki Tsering rapporte qu'il sagissait de musulmans et de Chinois qui étaient engagés pour les travaux des champs[13].

Selon le sociologue Raphaël Liogier, il s'agit d'une famille fermiers relativement pauvres mais indépendants[14],[15].

Gyalo Thondup, le frère aîné du dalaï-lama, rapporte dans ses mémoires que leurs parents ne savaient ni lire ni écrire[16].

Notes et références

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  1. « The Tibet Album : The 14th Dalai Lama's family and servants in Lhasa », sur web.prm.ox.ac.uk (consulté le )
  2. Heinrich Harrer, Chronologie de Thupten Jigme Norbu, p. 283-287.
  3. Michael Harris Goodman, Le dernier Dalaï-Lama ? Biographie et témoignages, Claire Lumière, (ISBN 2905998261), p. 37-39
  4. (en) Elliot Sperling, A Note on the Chi-kyā Tribe and the Two Qi Clans in Amdo, in Les habitants du Toit du monde : études recueillies en hommage à Alexander W. Macdonald, Samten Karmay et Philippe Sagant, Dir., Société d'ethnologie, Nanterre: , 1997, pp. 111-124 , et in Alex McKay, The History of Tibet, vol. 1, Routledge, 2003, 1840 p., p. 73 : « The Chi-kyā tribe of the area around the famous monastery of sKu-'bum is the larger entity to which the family of the fourteenth Dalai Lama belongs. Family tradition holds it to be one of the constituent units within the greater groups known as the "Six Tribes of sKu-'bum" (Tib. sKu-'bum tsho-drug), and traces its origins back to a Mongol figure, bearing the Chinese surname Qi, who had served during the latter part of the Yuan dynasty (1271-1316) as a local-frontier official - in Tibetan, nang-so. It is said that those Tibetans who are considered members of the Chi-kyā tribe are the descendants of this figure's subjects. In fact, the Chi-kyā tribe is mentioned on several occasions in the account of sKu-'bum completed in 1903 by gSer-thog Blo-bzang tshul-khrims rgya-mtsho, where it is referred to as one of the 'Five Tribes' (Tib. Tsholnga) that, along with the 'princely lineages' (Tib. rgyal-rgyud) of the area, distinguished themselves through their contributions to religious construction on the site of the monastery. »
  5. Michael Harris Goodman, Le Dernier Dalaï-Lama ?, p. 39-40.
  6. (en) Gyalo Thondup, Anne F. Thurston, The Noodle Maker of Kalimpong: The Untold Story of the Dalai Lama and the Secret Struggle for Tibet, Public Affairs, 2015, 384 p., p. 7 : « my great uncle, Taktser Rinpoche ».
  7. (en) John Gittings, « Obituary: Thubten Jigme Norbu », sur The Guardian,  : « the previous Taktser Rinpoche was their father's maternal uncle. »
  8. Michael Harris Goodman, op. cit., p. 37.
  9. a et b Michael Harris Goodman, op. cit., p. 41
  10. (en) Patricia Cronin Marcello, The Dalai Lama. A Biography, Jaico Great Lives Series, Jaico Publishing House, Mumbai, 2009, p. 5-6 : « The farm belonging to Lhamo Dhondup's family was small, and though they were not peasants, neither were they wealthy nobles. They grew barley and buckwheat, which were the main crops throughout Tibet at the time, as well as potatoes. [...] The family's farm normally produced only enough food to sustain them, and they did most of the work, with the help of five regular workers, known as the yuleg. During sowing and harvesting season, fifteen to forty more workers, known as the nyohog, were hired. Choekyong Tsering oversaw them all [...]. »
  11. Thupten Jigme Norbu, op. cit. p. 31 et 32.
  12. Michael H. Goodman.
  13. (en) Diki Tsering, Dalai Lama, My Son. A Mother's Story, mis en forme et présenté par Khedroob Thondup, Harmondsworth, Viking Arkana, 2000 ; citation : « He [regent Reting] noted that there were many nationalities in our house and asked who they were. I said they were Muslims and Chinese, whom we had hired to work in the fields » (« Il fit observer qu'il y avait maintes nationalités sous notre toit et demanda qui elles étaient. Je répondis que c'étaient des musulmans et des Chinois que nous engagions pour les travaux des champs »).
  14. Raphaël Liogier, A la rencontre du Dalaï-Lama, p. 39 : « dans une famille de fermier relativement pauvre mais indépendante. Même pauvre, une famille indépendante se situe déjà à un niveau honorable dans un pays qui n'avait pas aboli à l'époque (dans les années 1930) le pouvoir féodal »
  15. Claude Lanzmann, La Tombe du divin plongeur.
  16. (en) Gyalo Thondup and Anne F. Thurston, The Noodle Maker of Kalimpong, Rider, 2016, p. 1 : « Both my parents were illiterate. »